Les temples d'Angkor
Trois jours pour parcourir les temples. Trois jours de chaleur infernale. Trois jours de joie et d'étonnement.
Les temples principaux sont aménagés pour les visiteurs. Nul besoin de traverser une jungle dense (malheureusement) pour les atteindre. Au contraire, notre tuk-tuk (taxi moto à remorque) nous dépose et nous cueille aux entrées et sorties et nous lui en sommes grées car les visites sont épuisantes à cause de la fournaise du mois de juin.
Nous n'arrivons pas bien à imaginer la vie à l'époque angkorienne bien que nous nous soyons un peu documentées. Des stèles (magnifiques) retracent quelques événements, quelques noms. On redécouvre grâce à certains ciselages de colonnes, un signe sur le visage d'une statue, une évolution de pensée, une origine ethnique différente. Mais tout le reste a fondu comme un savon oublié dans l'eau.
Allez voir les temples d'Angkor! Ils s'écroulent!
On peut croire que les choses sont immuables, qu'elles ont toujours été, lorsqu'on ne sait pas ce qu'il y avait avant.
Les tourelles d'Angkor nous regardent, mais elles regardent dans toutes les directions en même temps avec leurs milliers de visages. Elles nous inspirent, nous fascinent, nous interrogent. Nous nous demandons qui étaient ces rois qui voulaient tout voir et qui étaient ces ouvriers au savoir faire si impressionnant.
Les monuments laissés en l'état sont les plus troublants.
Rongés par les lichens, embrassés par les troncs qui semblent autant soutenir que détruire ce qui reste de la cité disparue. Nous sommes partagées entre le plaisir de découvrir l'oeuvre magique du temps et la tristesse de voir s'effriter peu à peu les frontons virils et les arches puissantes.
Comme les vieilles pierres sont sublimées par l'emprise de la forêt et des éléments!
La rivière sacrée aux milles lingams, une soixantaine de kilomètres en amont, nous aura tout autant émues que les temples monumentaux.
La montagne, la forêt et l'eau, naturellement fécondes, sont ici sanctuarisées avec beaucoup de simplicité et d'harmonie. En se frictionnant dans la cascade sacrée, bénie par les milliers de symboles reliant les différents mondes qui baignent ces eaux limpides sur des centaines de mètres, on saisit le bonheur que peut procurer la sanctification de la nature. Vraiment au milieu de tant de beautés, on se prend à penser que nos souhaits ont plus de chance de se réaliser.